Le long du High Line à New York, comme dans plusieurs pôles urbains en manque d’espace habitable, un nombre grandissant de logements luxueux sont vacants. Les vastes espaces qu’ils occupent sont détenus et
échangés comme simples actifs par des investisseurs étrangers ou absents qui ne s’y rendront jamais. Orientées en direction de vues spécifiques, des photographies pour leurs ventes et des caméras pour
leurs surveillances composent des ensembles d’images qui gagent leurs existences et constituent leurs monnaies d’échange.

Face à cette nouvelle réalité, la proposition envisage l’exploitation des failles de cette consommation superficielle de l’espace par l’utilisation de l’ensemble des complexités que peut témoigner une réelle spatialité, afin d’à la fois correspondre aux codes de cette réalité numérique superficielle, tout en permettant l’existence d’une seconde réalité spatiale véritablement habitée par des individus du quartier de Chelsea. Le projet est donc un un pour un, c’est-à-dire qu’au creux des angles morts et des sous-entendus d’un appartement virtuel s’en retrouve un second, dont l’identité architecturale émerge alors de sa capacité à composer avec les contraintes du contexte qui lui est imposé.

Pensé comme excroissance nécessaire à la pérennité d’un bâtiment pour le moment habité, le projet oeuvre donc à la manière de tout organisme biologique évoluant au sein d’un environnement qui lui est devenu hostile, soit en restructurant ces composantes fondamentales afin d’opter pour une stratégie d’adaptation formellement et conceptuellement défamiliarisante, se métamorphosant alors en témoin de la résilience de ce même environnement tout en démontrant la potentialité de sa diversification.

Le projet soulève donc ultimement, à travers un regard sur la distorsion de l’espace urbain par une consommation de l’espace en deux dimensions, que les limites apparemment aliénantes d’une réalité peuvent simultanément permettre l’éclosion d’une autre.