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Lieu à Rebours
Maylis Thobois

Unité 9

Supervisé par Jean Verville

Lieu à Rebours

Porte-empreinte de la mémoire

E(P)

L’essai se questionnait sur la relation de notre corps à l’espace, à une époque où l’intellectualisation constante suggère une dissociation du système corps-esprit, et une prédominance de l’exercice intellectuel sur l’approche somatique. Le constat parallèle, est que l’architecture regorge de phénomènes sensibles à peine identifiés qui participent à l’expérience holistique de l’espace. Le soma s’engage physiquement dans la lecture de ces phénomènes, que je désigne ici d’insaisissables, dans le sens où si l’on en conçoit l’existence, leur intangibilité les rends subtils, complexes et parfois impalpables.
L’architecture est gorgée d’invisible : « L’espace n’est pas vide, il est latent de possibles... » (Robinson et Pallasmaa, Mind in Architecture, 2015), une quantité infinie d’insaisissables subtils et impalpables qui se meuvent en elle, par elle, au travers d’elle. L’expérience architecturale demeure avant tout une découverte du corps dans l’espace dessiné, où la narrativité du bâti entre en résonance avec la perception sensorielle.

Le Lieu à Rebours est une proposition spéculative sensible où l’espace architecturé offrirait l’expérience de ses insaisissables(1) pour proposer un paradigme somatique et poly-sensoriel holistique. Le Lieu à Rebours prend racine sur le barrage de retenue du lac du Chevril (Tignes, France), qui tous les cinq ans se vide pour dévoiler les ruines d’un village englouti. Le projet propose une descente progressive vers l’insaisissable rendu visible occasionnellement, un parcours mémoriel spéculatif où la mémoire se révèle par l’expérience corporelle avant l’esprit. L’occupant, fantôme ou personne physique, demeure au centre de cette architecture et lui offre son insaisissable, se proposant seuil entre l’instantané et la mémoire, le technique et l’invisible, le gigantisme et l’engloutit.

(1) L’essai relève quatre insaisissables principaux : génie des lieux, anthropomorphisme de la disparition, porte-empreinte de la mémoire et cosmo-tellurisme.

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