L’acériculture est une pratique culturelle et patrimoniale du Québec, visible de notre drapeau fédéral à nos tablées festives. Cette tradition fait toutefois face à des enjeux qui menacent sa vitalité et sa pérennité. La quête de profit a mené à une standardisation du sirop d’érable et à l’émergence de pratiques néfastes pour les érables. Les récoltes sont de plus en plus inconstantes et les changements climatiques déplacent la zone idéale de gel-dégel vers le nord du Saint-Laurent. Dans le cadre de l’essai-projet, ces problématiques sont perçues comme des possibilités de repenser la cabane à sucre et le domaine acéricole.

Le projet s’inscrit en 2064, alors que les érables plantés en 2024 ont atteint leur maturité. Située tout près de Saint-Félicien au Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’érablière repousse les limites géographiques de l’acériculture et entame le défrichage des régions nordiques pour cette pratique emblématique.
L’arbre prend place en tant que pourvoyeur essentiel et acteur de premier rang, sa santé étant l’un des objectifs premiers du projet. La machine, autrefois perçue comme simple outil de production, assure maintenant la calibration précise des équipements et la coordination de l’ensemble des activités. L’humain peut alors se concentrer au développement de produits acéricoles diversifiés de qualité. La collaboration des trois intelligences individuelles des protagonistes est mise au profit d’une érablière hautement systémique, une forêt cybernétique et symbiotique.

Le projet architectural est une volonté d’éviter la cristallisation. À la fois la cristallisation qui survient lorsque le sirop présente un niveau de sucre trop élevé, mais surtout la cristallisation de la pratique acéricole. Valider l’importance des érables et de toutes autres espèces végétales, accueillir la présence informatique et les innovations technologiques et encourager le développement de nouveaux produits culinaires durables de qualité, c’est placer l’acériculture au sein des valeurs d’aujourd’hui.